Entre le Ier et le IIe siècle après J.-C., un temple romain fut érigé dans l’un des endroits les plus élevés de l’espace actuellement occupé par le centre de la ville de Vic, au coeur de l’ancienne Auso romaine. Cet édifice était situé dans un péribole ou téménos sacrés, où les citoyens se réunissaient et où l’on réalisait offrandes et sacrifices rituels. Ce temple était sans doute dédié aux dieux de la triade capitoline ou au culte impérial. À l’époque de l’empereur Trajan, Auso disposait d’un ordre décurional, un groupe de personnes chargées du bon fonctionnement de la ville, tandis que l’existence d’un collegium chargé du culte impérial est attestée. Il est probable qu’à la fin du IVe siècle, suite à l’adoption du christianisme comme religion officielle et à l’interdiction du culte des divinités païennes, le temple ait acquis une autre finalité de service public.
Il se peut que l’ensemble ait été utilisé pendant toute l’antiquité tardive et pendant l’étape de la domination wisigothe, en complément du centre de pouvoir qui s’étendit alors jusqu’à la zone aujourd’hui occupée par la cathédrale et le palais épiscopal. On ignore la fonction du temple pendant la présence islamique de 796 et 824. Dans le dernier quart du IXe siècle, après la réorganisation du comté d’Osona par Guifred le Velu, l’existence d’une tour et d’un château avec androna est attestée à l’endroit de l’ancien temple. Après être passé sous contrôle comtal, à partir du XIe siècle le château se convertit en siège de la juridiction des Montcada sur la ville. En 1356, leur domaine fut cédé au vicomte Bernard III de Cabrera, ce qui provoqua l’opposition de l’évêché et le début d’une série de conflits et de litiges, jusqu’à ce qu’en 1448 les conseillers de Vic l’achetèrent et l’utilisèrent comme équipement municipal.
Ainsi, pendant cette étape médiévale l’ensemble fut occupé par le château ou le palais des Montcada. Ce bâtiment se composait d’une cour intérieure délimitée par les murs de l’ancien temple romain et, autour de celui-ci, par une structure formée de trois étages avec plusieurs toits à voûtes. Au fil des siècles, le bâtiment subit de nombreuses rénovations, servant de résidence du viguier (institution médiévale), de grenier à grains de la ville et de prison municipale. Ce n’est qu’en 1882 que les vestiges romains furent découverts, lorsqu’on commença à démolir l’ancien château médiéval. C’est alors qu’un groupe de notables de la ville acquit l’édifice et promut la restauration du temple, qui devint par la suite un musée lapidaire et plus tard le siège du Patronat d’Estudis Osonencs (Fondation d’études d’Osona).
Le Temple romain d’Auso fut construit en grès, probablement extrait des carrières de la commune voisine de Folgueroles. Il s’agit d’un bâtiment construit selon les indications de Vitruve : un temple prostyle - avec des colonnes en façade - et un portique orienté à l’est. De par sa technique constructive (utilisation de l’opus africanum), il présente des parallélismes avec les temples de Dougga ou de Bulla Regia (Tunisie). Il fait 19 mètres de longueur par 10 mètres de largeur et 11,5 m de hauteur. Le socle et une partie des murs nord et ouest sont d’origine, tandis que l’architrave d’origine est presque entièrement conservée, bien que le parement est et sud ait dû être reconstruit.
La colonnade, érigée au sommet d’un escalier à sept marches, fut restaurée en 1930, tandis que le fronton et la toiture le furent en 1957. La frise était ornée de motifs géométriques « en damier », comme en témoignent plusieurs fragments récupérés. En revanche, les colonnes d’origine présentaient un fût lisse (comme on peut le voir dans le seul fragment original intégré à la première colonne de droite) et étaient surmontées de chapiteaux corinthiens. Un chapiteau d’origine est conservé au sommet du pilastre au niveau de l’angle droit du mur antérieur de la cellule. Les huit colonnes sont dédiées à différentes personnalités de la ville de Vic qui ont joué un rôle important dans la restauration du temple ainsi qu’à la Renaixença (Renaissance) culturelle du XIXe siècle, parmi lesquelles il convient de signaler Josep Serra et Campdelacreu, principal promoteur de la restauration du temple.
Les murs de la cellule, de 12,10 m par 10,10 m à l’extérieur et de 10,9 m par 9 m à l’intérieur, étaient couverts au niveau de l’architrave par un toit soutenu par trois grandes poutres à hauteur de l’architrave. Les murs conservent les coffrages destinés à supporter un placage ainsi que des restes d’enduit à la chaux, ce qui indique qu’ils étaient probablement décorés.
Le podium de 1,5 m de haut est partiellement creusé dans la colline formée par le gravier et la marne sur lesquels repose le Temple, et conserve une partie des fondations, avec des blocs bien travaillés qui portent encore les marques du tailleur de pierre. Ce podium présente une corniche prononcée, tandis que du côté sud un accès fut ouvert à une époque indéterminée. Les travaux archéologiques effectués ont permis d’attester un niveau à base de matériau romain antérieur à la construction du temple, autour du Ier siècle av. J.-C. et d’en dater la construction entre le Ier siècle après J.-C. et le IIe siècle après J.-C., bien que d’autres auteurs situent la construction du temple à un moment indéterminé du IIe siècle après J.-C.
L’ensemble du château, documenté depuis la fin du XIe siècle, est associé à l’ancienne église de Sant Sadurní, qui servait probablement de chapelle du château. Le château est une construction au plan presque carré, avec un rez-de-chaussée et deux étages situés autour d’une cour et d’un puits central. Conservant plusieurs meurtrières, les salles basses étaient couvertes d’une voûte en berceau de plus de 1,20 m de large. Également couronné d’une voûte en berceau, le premier étage présentait des ouvertures à double ébrasement, tandis que celles du deuxième étage étaient constituées d’une rangée d’arcs, bien qu’elles aient pu initialement être formées de créneaux. Encastrée dans le mur qui touche l’église de La Piété, une pierre tombale rappelle que le roi Jacques Ier, comme il l’explique lui-même dans sa Chronique, se rendit au Château des Montcada en 1231 après la conquête de Majorque.
De l’ensemble, il convient de signaler la présence d’un mâchicoulis et d’une porte de chevaliers, situés en parallèle à la rue Cardona. C’est de ce côté le plus septentrional que les résultats archéologiques ont permis de récupérer différents revêtements de sols et niveaux de circulation datant du XIIIe siècle et d’après. Sont également documentées d’importantes rénovations effectuées tout au long des XVIIe et XVIIIe siècles dans le but de gagner de l’espace. Dans la partie la plus méridionale, les principales découvertes sont associées aux vestiges des murs médiévaux, mais aussi à la nécropole de Sant Sadurní, qui est bien documentée sur la Place de la piété voisine.
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